- RHÉTIEN
- RHÉTIENRHÉTIENÉtage défini par Moore en 1861 dans les Alpes Rhétiques (Suisse). Appartenant autrefois au Jurassique et formant avec l’Hettangien l’Infralias, le Rhétien représente aujourd’hui, après de longues discussions et en raison d’affinités faunistiques, l’étage supérieur du Trias. Si la limite inférieure est nette dans certaines régions (Europe centrale), où les dépôts rouges du Keuper, régressifs, sont surmontés d’un Rhétien transgressif, ce n’est pas le cas dans les Alpes méridionales et les Dinarides, de sorte qu’il est souvent difficile d’établir des corrélations entre les dépôts correspondant à des paléogéographies différentes. On peut cependant distinguer deux types de dépôts rhétiens: le type alpin et le type germanique. Les dépôts de type alpin correspondent à une mer ouverte normale, relativement peu profonde; la faune y est riche en genres et en espèces; elle comprend des lamellibranches, des brachiopodes, des coraux, des ammonites. Le type germanique représente au contraire des dépôts de mer épicontinentale, très peu profonde, à caractère littoral; la faune est très appauvrie par rapport au domaine alpin: on y trouve des lamellibranches, des poissons, mais il n’y existe pas de coraux, de brachiopodes ni de céphalopodes. Ce domaine a été atteint plus tardivement par la mer qui a ensuite envahi le couloir rhodanien, l’est du Bassin parisien, la Lorraine, l’Alsace et la dépression germanique.Le stratotype du Rhétien de type alpin a été pris dans les Alpes Rhétiques (Grisons, Suisse): il présente un faciès calcaire, souvent de type récifal. Cet étage correspond à une zone d’ammonites (Arcestes rhaeticus ). Dans les Carpates, il existe un Rhétien intermédiaire entre le type alpin et le type germanique: à la fin du Norien se produit une régression marine; il se dépose une série inférieure avec des schistes noirs ou bigarrés, à couches de fer oolitique, et des grès à plantes; la série supérieure correspond à la transgression du Rhétien avec schistes noirs et calcaires à coraux, crinoïdes, bryozoaires et algues. On observe une succession comparable dans la zone subbriançonnaise des Alpes au Pas-du-Roc (localité de Maurienne): à des lumachelles à Avicula contorta s’associent des bancs calcaires avec des brachiopodes (Spiriferina , Terebratula ) et des polypiers.Le Rhétien de type germanique présente le faciès souabe, dont le type a été choisi dans la région de Stuttgart. Ses dépôts correspondent à une vaste transgression marine: la base est marquée par des lumachelles contenant A. contorta et d’autres bivalves côtiers. Le sommet est marneux; on y trouve des bone-beds (couches minces de brèche biodétritique riche en débris de poissons). En Lorraine, le Rhétien comprend des grès micacés et des marnes schisteuses, riches en bone-beds et en fossiles marins; au-dessus, ce sont les marnes de Levallois (du nom d’un géologue), rouges ou brunes. La transgression du Rhétien a atteint le centre du Bassin parisien: des sondages y ont montré un Rhétien représenté par des grès, avec des argiles et des calcaires zoogènes. La Lorraine, l’Alsace, la dépression rhodanienne, le Jura suisse ont été envahis, ainsi que la cuvette germanique. Des massifs sont restés émergés: les Ardennes et le Massif schisteux rhénan, la Bohême. La limite de la transgression au nord se retrouve sur le bord sud du massif scandinave: des sondages en Scanie ont montré un Rhétien à couches de charbon et flore à Lepidopteris , contenant cependant un niveau à fossiles marins. Vers le sud-ouest, la transgression rhétienne a dû atteindre le Languedoc et la bordure sud des Cévennes, où il existe des grès et dolomies en plaquettes à A. contorta , ainsi que les Pyrénées. En Aquitaine, le Rhétien est représenté par des calcaires et dolomies, alternant avec des argiles, et des grès grossiers à la base.• 1636; de Rhétie;→ rhétique♦ Géol. Se dit de l'étage le plus récent du trias, autrefois compris dans le jurassique. — N. m. Le rhétien.⇒RHÉTIEN, -IENNE, subst.A. — GÉOL. Étage le plus récent du Trias, autrefois compris dans le Jurassique et définissant avec l'Hettangien l'Infralias (d'apr. FOUC.-RAOULT Géol. 1980). L'Argentine possède quatre bassins pétrolifères (...). 2 Province de Mendoza. L'huile riche en produits légers et en paraffine se rencontre dans le rhétien (CHARTROU, Pétroles natur. et artif., 1931, p. 160).— Empl. adj. Étage rhétien. Les Allemands ont l'habitude de placer au sommet du trias l'étage rhétien (LAPPARENT, Abr. géol., 1886, p. 229). V. infra-lias ex. de Lapparent s.v. infra- I A 4.B. — GÉOGR. Habitant de l'ancienne Rhétie (province romaine du Sud du Danube correspondant au Tyrol, aux Grisons et au Nord de la Lombardie). Les Étrusques s'appelaient eux-mêmes Rasena. Ces Rasena ne seraient-ils pas des Rétiens ou Rhétiens du Tyrol? (MICHELET, Hist. romaine, t. 1, 1831, p. 38).Prononc. et Orth.:[
], fém. [-
]. Rhétien, rhétique, etc. s'écrivent parfois ré-. Étymol. et Hist. A. Adj. 1. 1583 « de Rhétie » pampre Rhétien (Virgile, 50 d'apr. H. VAGANAY ds Z. rom. Philol. t. 29 1905, p. 187); 1636 Alpes rhétiennes (PEIRESC, Let., VII, 174 ds QUEM. DDL t. 21); 2. 1886 géol. étage rhétien (LAPPARENT, loc. cit.). B. Subst. 1. 1813 ling. parler l'ancien rhétien (Nouv. dict. géographique, s.v. Grisons ds QUEM. DDL t. 12); 2. 1831 ethnique les Rhétiens (MICHELET, loc. cit.). Dér. de Rhétie, lat. Rhaetia; suff. -ien.
rhétien, enne [ʀetjɛ̃, ɛn] adj. et n. m.❖♦ Géol. Se dit de l'étage inférieur du lias (période jurassique). — N. m. || Le rhétien.
Encyclopédie Universelle. 2012.